• La dame blanche

     

    Pleujouse et la croix du Chênois. 

    La dame blanche    La dame blanche   La dame blanche

     

    Alie fille du baron Walther d'Asuel était fiancée à Huzon, fils du seigneur de Pleujouse.

    Le mariage était imminent. Mais entre-temps le père changea d'avis et promit sa fille Alie à un puissant seigneur de Lorraine, le comte Robert de Malroche.

    Les jeunes gens, avec la complicité de l'intendant du château d'Asuel, Jean de Boécourt, et la gouvernante, décidèrent de fuir.

    En secret, à minuit, Huzon vint enlever Alie et ils partirent à cheval.

    Walther d'Asuel qui avait entendu du bruit, se rendit dans la chambre de sa fille et comprit, ce qui venait de se passer.

    Immédiatement les archers du château et ceux du comte de Lorraine, qui étaient venus en pompe pour son mariage, se jetèrent à la poursuite des fuyards.

    Ils les rejoignirent au-dessus de Pleujouse, sur la vieille route de Charmoille.

    Huzon se défendit et tua cinq guerriers, mais le combat était inégal.

    Une flèche atteignit Alie qui, telle une fleur coupée, tomba sur l'herbe couverte de rosée. Quant à Huzon, il fut frappé par derrière d'une lance qui le transperça de part en part. Il s'affaissa à côté de la jeune fille.

    Les gens de Pleujouse les mirent ensemble dans un tombeau, sur le lieu de leur mort. A cet endroit, appelé le Chênois, se dresse une croix de bois.

    La légende raconte que quatre fois par an, au renouvellement des saisons, les deux fiancés reviennent et se promènent main dans la main; Alie, appelée la Dame Blanche, avec ses longs cheveux flottants sur sa tunique, et Huzon, son chevalier, dont l'armure scintille sous les rayons de la lune.

    Marie-Anne Anker

     


     

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     Alie d'Asuel et son fiancé Huzon de Pleujouse. 

     La dame blanche

     La dame blanche

     

     

      Une lumière s'alluma dans la tourelle aux oubliettes du château d'Asuel. C'était le signal convenu. Huzon de Pleujouse, enveloppé dans une pèlerine couleur muraille, quitta son castel. Il allait secrètement retrouver Alie, sa fiancée, et son cœur battait bien fort. Le père d'Alie, le baron Walther, après avoir approuvé le projet d'union entre les deux jeunes gens, s'était ravisé. Il avait promis la main de sa fille à un puissant seigneur de Lorraine, le comte Robert de Maleroche. Mais l'intendant du château d'Asuel, jean de Boécourt, avait déclaré à dame Eline, la gouvernante: « Si le baron Walther est traître à sa parole, nous autres, ses serviteurs, saurons bien le contraindre à la respecter. » Alors dame Eline, qui avait élevé Alie et qui la chérissait, avait ouvert, à minuit, la poterne secrète.


    A voix basse, elle dit à Huzon :
    - Noble chevalier, celle que vous aimez vous attend. Nous la confions à votre honneur. 

    Alie d'Asuel et Huzon de Pleujouse étaient amis d'enfance. Ensemble, ils avaient joué et couru dans les bois, cueilli les jonquilles au printemps, pêché la truite dans les ruisseaux clairs, chevauché de compagnie sur les routes de l'Ajoie. Alie avait assisté au tournoi de Montbéliard où Huzon avait provoqué le félon chevalier Pierre de Morimont, qui avait traîtreusement assassiné son père.Vainqueur par la grâce de Dieu, Huzon avait reçu, des mains de la gracieuse Alie, une riche ceinture brodée. Maintenant, la tête appuyée sur l'épaule de son fiancé, elle lui assurait: - Plutôt mourir que d'être la femme de Robert de Maleroche. Ils convinrent de fuir avec la complicité de l'intendant et de la gouvernante, si le baron Walther ne revenait point sur sa décision. Et ils se séparèrent après avoir échangé, comme le font tous les fiancés du monde, des promesses d'éternelle fidélité.

    Mais le lendemain déjà, le baron Walther, au cours d'une cérémonie solennelle, accorda la main de sa fille au comte Robert de Maleroche.

    Les fiançailles, dit-il, auront lieu dès demain, et le mariage sera célébré trois jours après, en notre chapelle de Saint-Nicolas.

    Telle est ma décision. Alie eut à peine la force de s'écrier:

    - Non, jamais! Plutôt mourir... Puis elle s'évanouit. Dès qu'elle eut recouvré ses esprits, dame Eline lui murmura:
    - Feignez de n'avoir pas repris connaissance et ne prononcez pas un mot.

    Aidée par l'intendant, elle emporta la jeune fille dans ses appartements. Puis elle avertit Huzon qui se présenta de nouveau à minuit à la poterne et enleva sa fiancée. Mais le baron Walther, qui avait entenduquelque bruit, inquiet de la santé d'Alie, se rendit dare-dare à la tourelle aux oubliettes et trouva la chambre vide. Il alerta ses gens et ceux de Robert de Maleroche et la poursuite s'engagea. Les deux fuyards, l'un monté sur un bel alezan, l'autre sur une blanche haquenée, faisaient diligence, traversant, échevelés, champs et bois. Mais hélas, la troupe les rejoignit bientôt.

    Un archer lorrain, tout en chevauchant, tendit son arc. Une flèche siffla et atteignit Alie qui, telle une fleur coupée, tomba sur l'herbe couverte de rosée. Huzon mit pied à terre, combattit bravement, mais succomba sous le nombre. Un coup de lance le transperça de part en part, et il s'affaissa à côté de la douce Alie.

    Les gens de Pleujouse, ayant entendu le bruit du combat, accoururent. Grande fut leur désolation, car tout le monde aimait le jeune et beau seigneur et sa charmante fiancée.

    On transporta les deux jeunes gens au château de Pleujouse et on décida de ne pas séparer ceux que la vie, puis la mort, avaient unis. Alors, si vous passez un jour dans le jura, entre le vieux chemin bordé de noisetiers qui conduit aux ruines de Pleujouse, et la route qui se dirige vers Charmoille, arrêtez-vous auprès d'un tertre fleuri, surmonté d'une croix de bois. C'est le tombeau des deux fiancés.

    La légende raconte que, quatre fois par an, à chaque renouvellement de saison, il leur est permis, en souvenir de leur fidélité, de revenir sur terre et de se promener, comme autrefois, la main dans la main.

    C'est pourquoi, à minuit, on peut voir celle qu'on appelle dans le pays la Dame blanche, avec ses longs cheveux dorés flottant sur sa tunique de lin. Elle est accompagnée de son chevalier dont la brillante armure scintille sous les bienveillants rayons de la lune. Et, se profilant à l'horizon, les châteaux d'Asuel et de Pleujouse renaissent aussi pour un soir.

    Redressant leurs tours et leurs donjons, ils retrouvent, fugitivement, leur fière mine d'antan.

     


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